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Paroisses quatre évangélistes : saint Jean, saint Luc, saint Marc, saint Matthieu, villes et villages : Montceau-les-Mines, Ciry-le-Noble, Sanvignes, Perrecy-les-Forges, St Vallier, Blanzy, Les Bizots, Gourdon, Mary, Mont-Saint-Vincent, Saint-Romain-sous-Gourdon, Marigny, Saint-Romain-sous-Versigny

Paroisses du doyenné des quatre Évangélistes en pays montcellien

À la LECTURE de l'ÉVANGILE

Message de Gérard Soulier

Nous ne pouvons toujours pas bouger, je vous transmets ce que je viens de recevoir d'Alain Patin, qui a promis de nous envoyer une page de réflexion tout les mercredis et samedis.
À méditer...
Prenez soin de vous ! 

Pour ce samedi, voici ce que je propose : « Elle en est au sixième mois, elle qu’on appelait “la stérile ”, car rien n’est impossible à Dieu… »

         Et pour nous aujourd’hui : il en est à son sixième mois (ou presque), ce virus…

         A Elisabeth, on avait donné un surnom : « la stérile ». Elle était classée définitivement : rien à attendre de cette femme-là. Un mot, un surnom, et c’est le jugement pesant, sans appel ; on imagine le regard des gens, tour à tour ironique ou vaguement compatissant : « la stérile ! » Une femme reléguée au rang d’inutile avec un soupçon diffus : qu’a-t-elle bien pu faire pour ne pas avoir d’enfant ? Une faute secrète, inavouable, qui sait ?

         Elisabeth évoque les visages innombrables de ceux qu’on juge “stériles”, pas rentables, bouches inutiles, bras cassés. Rejetés à la marge de nos sociétés, ils sont là, handicapés de tous ordres, considérés comme insignifiants, réduits à quelques pourcentages dans les statistiques. Relégués à la marge des nations, ils sont des peuples entiers, oubliés, livrés à la barbarie, n’intéressant que quelques vieux idéalistes rêveurs ; ils sont négligeables, parce qu’ils ne pèsent pas sur les grands équilibres mondiaux. Ils comptent moins aux yeux de nos informateurs patentés et labellisés que les indices boursiers ou les résultats des courses ! Stériles, sans poids, inconsistants !

         Et ce virus, pourquoi ? pour qui ? comment ? Ce « presque rien » qui s’invite et prend toute la place, jusqu’à faire trembler les institutions les plus établies, jusqu’à arrêter toute la machine économique, jusqu’à affoler les marchés financiers !

         Mais le texte insiste : “Elisabeth, ta parente”, - ta congénère, celle qui a les mêmes gènes que toi -, ta propre chair ! Mais moi, qu’ai-je à voir avec cette humanité qui se traîne ? Je ne suis pas stérile ; je réussis ; je suis un “battant”. “Elisabeth, ta parente…” : rappel discret, mais insistant, rappel que Luc ne cesse de distiller tout au long de son évangile, parce qu’ainsi Jésus manifeste le regard différent de son Père sur les êtres et sur les choses : « les vues de Dieu  ne sont pas comme les vues de l’homme, car l’homme s’attache à l’apparence, tandis que le Seigneur regarde le coeur ! » 1Sm 16,7.

         Observe à nouveau : tu ne vois toujours que “la stérile” ? Eh bien, « elle en est à son sixième mois, car rien n’est impossible à Dieu ! » Tu ne vois rien, tu n’aperçois aucun fruit, aucun renouvellement ; tu as fini par ne plus croire en un sursaut de tes frères en humanité !

         Et voilà que ce tout petit virus “renverse les puissants de leurs trônes“ et donne à ceux qui misent sur la solidarité et l’amour, de rejaillir. Alors viennent les gestes tout simples : un affichage dans l’ascenseur : « Si quelqu’un a besoin de quelque chose, h’hésitez pas à vous signaler et si quelqu’un peut lui rendre ce service, notez vos coordonnées ». Et l’anonymat habituel s’évanouit. Ce sont aussi les appels téléphoniques pour rejoindre telle ou telle personne qu’on sait isolée. C’est encore cette manifestation de solidarité qui salue tous les soirs à 20 h., ceux et celles qui se dépassent pour soigner les malades ! Et tout à coup, on ne sait comment, l’argent-roi qui menait le monde est ramené à un rôle de serviteur, servir les vrais besoins : éviter les licenciements et faillites, soutenir la recherche médicale,… enfin tout ce qu’on disait jusqu’à présent impossible !

         Je tiens à ce Dieu pour qui rien n’est impossible, à ce Dieu qui s’engage pour que tous trouvent leur place à la fête de la vie, et de la vie en abondance !  Il est Celui qui réveille nos coeurs racornis et qui nous pousse à l’initiative afin que tous puissent rejoindre la ronde. Le règne de Dieu selon l’évangile, c’est quand chacun peut s’exprimer et sortir de la stérilité, quand tout peut trouver une issue, quand rien n’est impossible. Alors s’ouvre le régime où les calculs n’ont plus cours. De toutes parts, tu es débordé par l’élan de vie qui t’emmène plus loin et plus fort.

         Tu te crois stérile, je me juge improductif… Dans la rencontre du Christ, tu vas devenir porteur de fruits, et moi avec. Confie-lui ta faiblesse, ton infirmité, ton sentiment d’impuissance, combien plus va-t-il faire éclater les limites de ton cœur !

Alain Patin   

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